31 janvier 2013

Kerouac sur France Culture


Le texte et les extraits de Moriarty qui suivent sont tirés du site de France Culture où l'on peut ré-écouter cette émission consacrée à Jack Kerouac diffusée le 7 juin 2012.  Au programme, vers la 34e minute, l'ami Roger Brunelle de Lowell signale avec sa passion habituelle que pour certains jeunes lecteurs de Kerouac, Docteur Sax les rejoint plus que On the road.  Ce qui montre que l'oeuvre de Kerouac ne se réduit pas à un seul livre.  D'autant que le groupe Moriarty aime à improviser sur St. Francisco blues...  

Les écrits du poète beat sont pour de nombreuses personnes le premier contact avec l’autre culture, celle que l’on apprend pas au collège, avec l’autre vie, celle que l’on cache aux sages lycéens.

Au fil des ans , Kerouac est devenu un lien, un cadeau à offrir, un sujet de discussion, un moyen de franchir des frontières et barrières, parfois un prétexte à itinérance. Des personnes m’ont confié « leur rencontre avec Jack », ce qu’elle a changé dans leur vie. Que se soit une rencontre littéraire,  ou une rencontre avec l’homme. Certains préfèrent sa vie à son œuvre d’autres l’inverse. Jack fait débat.
De Lowell, ville d’origine de l’écrivain, à Tbilissi, Tamanrasset, Brest, New York ou Paris, cet ACR est un voyage avec celles et ceux - fans ou non -  pour qui la lecture de Sur La Route a marqué un tournant.
Parmi eux, les membres du groupe Moriarty (du nom de Dean Moriarty, personnage principal de Sur La Route). Pour cet ACR, nous créons ensemble un dialogue entre des sons et entretiens que j’ai glanés plusieurs années, et leurs réponses sous formes de compositions musicales inédites.















Voici deux improvisations de Moriarty sur des textes de Kerouac:
Lecture


Lecture

Avec
Roger Brunelle, historien spécialiste de Kerouac, Lowell
Todd Tietchen, professeur à UMass Lowell English Department, spécialiste des Beats, voisin des Kerouac.
Pierre Le Bris, éditeur, qui a reçu Jack Kerouac à Brest en 1965 et échangé une longue correspondance avec lui.
Moriarty, groupe de musique
Richard Gaitet, éditeur
Laure Delmoly, auteur de « Les Auteurs de la Beat Generation en France: Production, Médiation, réception »
Hans Dutting, écrivain.
Thomas Betous, messager.
Alexandre Carvalho, Revolution Games, Occupy Wall Street.

Textes lus par Olivier Martinaud et Crystal Shepherd-Cross

« Le retour de la Beat Generation » de feu Robert Kuberberg

Documentaire qui date de 2011, vraisemblablement la dernière réalisation de l'écrivain et documentariste Robert Kuperberg décédé l'an dernier.  À voir pour quiconque s'intéresse à la littérature vivante. Beaucoup d'espace est consacré à Jack Kerouac. Le fil des « derniers romantiques » au sens littéraire est fort bien situé dans le contexte américain et occidental qui fut marqué par un passage difficile des années cinquante aux turbulentes années soixante. J'ai notamment apprécié les commentaires de Gerald Nicosia, biographe de Kerouac. Le point nodal est que les Beat — mouvement marginal et hétéroclite — contestent avec le diable aux pattes, tentent d'habiter le moment présent en dépensant une charge inouïe d'énergie pour le passage à l'action, cherchent à réaliser le pur plaisir ici, maintenant et pour toujours plus intensément.  C'est là en effet un buzz romantique qui pousse la liberté à l'extrême des individualités. Magnifiques outsider qui décrochent, se poivrent du spirituel dans l'art de vivre sa vie et qui partent sur un no where à la rencontre souhaitée des paumés, des exclus, musiciens noirs émergeant, drogués, ouvriers, prostituées. Kerouac saoul comme une botte dans un club de jazz dira un à John Coltrane : Je suis ton frère.  Coltrane répliquera : fuck you!  Contestation excentrique, mais sans cause sociale. Plusieurs se casseront la gueule. Kerouac est mort avec une réputation de bum, pauvre et amer, 91 piastres en poche. Mais avec le sentiment d'être un bon écrivain. Et cette bande d'artistes occupant des postures diverses, malgré l'immense récupération commerciale qui a suivi, est somme toute restée fidèle à sa manière de se démarquer de l'Histoire officielle.  La lecture aujourd'hui des Beat, une fois les mythes et les raccourcis de la route mieux compris, n'en reste pas moins un grand réservoir d'audace, de jeunesse et de paroles libres. Ceci étant dit, la conclusion tirée à la fin du document par Peter Fonda (Easy Reader) aide à comprendre l'ambiance sombre et comme sans prise qui s'installe au lendemain de 1968 avec à sa suite une cohorte de sangsues du régime et de conservateurs à cheveux longs toujours grassement et scandaleusement en place.

29 janvier 2013

Les Beats vus par Antonio Dominguez Leiva


Chronique bien documentée d'Antonio Antonio Dominguez Leiva aujourd'hui à POFPOL autour des Beats à titre de courant littéraire surprenant animé principalement par des poètes. Le film de Walter Salles que je n'ai pas encore vu est une fois de plus reçu comme une lecture décevante de On the road de Kerouac.
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27 janvier 2013

L'amie en allée

Lettre de Sept-Îles de la grande Ève Cournoyer (1969-2012), parmi les plus belles chansons qu'elle nous a laissées.«La tribu oublie son âge» (Tempête).

26 janvier 2013

Décès de Gilles Ottawa


Monsieur Gilles Ottawa de Manawan, historien, conférencier, grand rapailleur de l'héritage culturel de la nation atikamekw, auteur d'un essai récent sur les pensionnats * qu'il a lui-même connus, est décédé le 19 janvier 2013 à l'âge de 60 ans.  Cette courte vidéo de Wapikoni mobile nous rappelle joliment son parcours.  

Condoléances à la famille et aux proches.





* Gilles Ottawa, Les pensionnats Indiens du Québec. Un double regard
Cornac, 2010.

Compte rendu de Maxime Morin, Univ. Laval.

  1. [PDF] Gilles Ottawa Les pensionnats indiens au Québec. Un double regard
  2. historicalstudiesineducation.ca/index.php/edu_hse-rhe/.../4213
    Format de fichier: PDF/Adobe Acrobat - Afficher
    de M Morin - 2011
    Un double regard. Québec : Cornac, 2010, 129 p. Maxime Morin. Université Laval.Historien attikamekw, Gilles Ottawa est connu comme conférencier, auteur et ...
 Communauté Atikamekw

21 janvier 2013

Barack « collatéral » Obama en ce jour souvenir


C'était jour férié aux États en mémoire de Martin Luther King et c'était bien sûr le grand jour faste de l'assermentation de Barack Obama qui entreprend à Washington son second mandat. On rapporte qu'au cours de la cérémonie d'investiture le président a prêté serment, entre autres, sur une Bible ayant appartenu à Martin Luther King. 

Ce hasard du souvenir et de la consécration du Président qui voue une admiration à Martin Luther King fait toutefois dire à Normand Solomon, un militant pacifiste américain, qu' Obama, tout nobélisé soit-il, a agi jusqu'à maintenant en parfaite continuité avec la politique de « défense » guerrière de l'Empire. On peut lire son commentaire très critique sur sa page internet en date du16 janvier 2013 sous le titre caustique : King : I Have a Dream. Obama: I Have a Drone. L'auteur souligne notamment l'utilisation massive des drones américains (armes aéroportées, i.e. espèce d'avions sans pilote télécommandée à distance par un soldat) qui tuent avec précision, mais parfois, voire très souvent, tuent par « inadvertance »  des civils, hommes, femmes, enfants!

Un commentaire en français sur le blogue de G. Moreas (blogues du Monde, 7 janvier 2013)  va dans le même sens.  Aux yeux de ce dernier « M. Obama restera peut-être dans l'Histoire comme le Prix Nobel de la paix qui a le plus de morts innocents sur la conscience. » 


On trouve aussi un dossier complet  sur la « guerre des drones » sur le site anglais The Bureau of investigation journalism. L'article le plus récent à propos de John Brennan (CIA)  date du 9 janvier.

Troublant et décevant.  


Monsieur le Président, je vous fais une lettre...



***

En complément, dans une perspective plus globale où l'on créditera sans doute Barack Obama de mettre un terme à deux guerres cul-de-sac, il reste que le Barack second début risque fort de ressembler au Barack qu'on a connu.  Tel est le point de vue exprimé ce matin dans Le Devoir par l'excellent édito de Serge Truffaut (22/01/13). 







De retour à l'Hôtel des poètes : Brad Mehldau


En France, le brillant et concentré pianiste américain Brad Mehldau (flanqué de ses comparses Larry Grenadier à la, basse et Jeff Ballard à la batterie) vient de se mériter le grand prix de l'Académie du jazz dans la catégorie « meilleur disque de l'année » pour Where do you start (Nosesuch Records, 2012). Pulsation, lyrisme, une touche de tristesse balayée par le vent, presque l'abandon, puis cette insistance retenue qui capture l'ambiance entre ses cordes, l'écoute de la très belle balade qui suit vaut bien un quatre minutes de méditation rêvasseuse. La finale vous fait égrener des pépites de silence dans l'écho feutré de la bête noire qui restent longtemps en suspension dans vos pensées. 

19 janvier 2013

À la rencontre de Naomi Fontaine

La jeune Naomi Fontaine a publié en 2011 Kuessipan (Mémoire d'encrier), qui veut dire « à toi » en innu.

Originaire du village d'Uashat, Naomi habite maintenant à Québec où elle étudie et élève son enfant. Elle tient un blogue d'écriture libre sous la forme d'un journal qui s'appelle Innushkuess — Fille innue (recensé sur Train de nuit sous la rubrique On the blogs again.) 

L'émission littéraire La Librairie Francophone rencontrera l'auteure lors de sa prochaine édition (radiodiffusion au Canada ce dimanche 20 janvier, à 19 h, à l'antenne de la Première chaîne de R.-C.) 



























En complément :

- Il faut visionner la courte vidéo qui nous amène à Uashat, près de Sept-Îles avec des commentaires de Denise Jourdain sur l'histoire du village et des Innus.

- Chantal Guy (La Presse, mai 2011), entrevue avec Naomi.

- Louis Hamelin, Naomi Fontaine, ou le regard neuf, Le Devoir, 23 avril 2011 : « Kuessipan est aussi différent de la littérature innue qui l'a précédé que Le Survenant l'était des romans de la terre québécois. Comme celui-là, il introduit une fêlure dans le dogme de la parole héritée, une ouverture par laquelle l'air peut entrer, la liberté de choix souffler sur les vieilles idées fixes. »

- Puis, côté folk innu, Philippe McKenzie, auteur-interprète, lauréat en 2011 de la meilleure chanson en langue autochtone au Gala Teweikan. Le goût de chanter en innu.

16 janvier 2013

Jack rocking le bébé!

New York 1959.  Jack Kerouac, Ginsberg et cie. Mary Frank (sculpteure et danseuse) serait la jeune femme avec qui Jack s'entretient.  Elle était alors la compagne de Robert Frank (photographe et cinéaste) lié aux écrivains Beat. Il se peut donc que parmi les enfants que l'on voit se trouve Pablo Frank (1951) et Andrea (1954).

14 janvier 2013

Premières nations : la mise à mort barbare du nomadisme

Sur Les chemins de travers du 13 janvier 2013 à l'antenne de Radio-Canada, l'anthropologue Serge Bouchard abordait le thème du nomadisme. En première heure, chose plutôt rare, il est seul au micro et son propos ne pouvait pas être plus arrimé au contexte de la poussée actuelle des revendications autochtones et au jugement historique de la Cour fédérale qui vient de trancher en faveur des Métis et des Indiens non inscrits reconnus ici comme des « Indiens » en vertu de la Constitution canadienne (Le Devoir, 6/01/2013). 

Pour ceux et celles qui le veulent, je suggère d'aller écouter cette première heure sur le site internet de l'émission Écoutez la première heure : réflexions sur le nomadisme

Bouchard souligne à l'aide de plusieurs exemples factuels le drame profond qui s'est joué sous nos yeux au Québec et au Canada à l'égard des Premières Nations, et ce, jusque tard dans les années 60, et c'est ce que j'appelle la mise à mort barbare du nomadisme. C'est par la force et par tous les moyens (agriculture mal adaptée, éducation acculturante, système d'infantilisation des « Indiens » qu'on a comptés un à un et inscrits sur des registres afférents aux réserves...) que les autorités politiques et religieuses ont successivement tenté, et ce, jusqu'à la fin des années 1960, d'éradiquer le mode de vie dit primitif des peuples nomades des Amériques. 

Vivre de chasse, de pêche et de cueillette depuis des millénaires en parcourant, boussole dans le troisième oeil, des distances géographiques impressionnantes sans domiciles fixes, apercevoir et imaginer des lueurs dans une nature époustouflante de beauté, cela est loin d'être un paradis perdu où vivait le bon sauvage de Jean-Jacques, tout cela est inséré dans l'histoire et dans des conditions matérielles données qui ne sont pas statiques, mais il ne ne serait pas venu à l'esprit des tenants de la « civilisation » et de la religion qu'il s'agissait aussi d'une préférence de vie, non pas d'un malheur qui fait pitié et dont il fallait sortir à tout prix en y laissant jusqu'à son âme.  

D'ailleurs, et ça aussi on l'a fait en grande partie dégringoler de nos mémoires, nombreux sont les « Habitants », comme on désignait jadis les Canadiens-français pour les distinguer des Français, qui ont goûté à cette forme de vie plus libre qu'en France, sans curé à tout bout de champ, vie rude, mais plus exaltante et enracinée sur le territoire réel américain; ils étaient primes à s'ensauvager, comme le notait déjà au début de la colonie Marie de l'Incarnation, préférant courir les bois et prendre pour compagnes des femmes autochtones jusqu'à forger une nation inédite sur le continent, les Métis. 


(À ce propos, autre piste à suivre, j'ai entendu Biz aujourd'hui à Plus on est de fous, plus on lit commenter une monographie de Georges-Hébert Gemain intitulé Les coureurs des bois : la saga des Indiens blancs (Libre Expression, 2003), illusté par Fédéric Bach et qui raconte « les croisements culturels entre les coureurs des bois européens et les peuples amérindiens en Nouvelle-France, [...] (et) rappelle à quel point l'héritage amérindien est constitutif de la culture canadienne actuelle. », peut-on lire sur la page de l'émission littéraire.)


Reste pour nous tous aujourd'hui, inscrites en tous sens sur le territoire, les marques du patrimoine nomade, sa grandeur, toponymie magnifique et chargée d'amour — mon Dieu, de l'air et de la poésie hors la panoplie des saints Liboire qui ne disent rien! — qu'on voit défiler,  topos à la fois usuel et quasi parfaitement inconnu.   

 « Que notre terre était grande », chante justement, magistralement Chloé Sainte-Marie!




Aussi, aussi aussi!  à voir absolument, la bande annonce du récent film de Serge Giguère sur le parcours du grand géographe Louis-Émond Hamelin, Le Nord au coeur.

Le Nord au Coeur. Un film de Serge Giguère avec Louis-Edmond Hamelin. Bande Annonce from Rapide Blanc on Vimeo.


13 janvier 2013

Désarmant de tristesse

À Boston, au côté du mythique stade des Red Sox, au 15 Lansdowne Street, se trouve un club-resto populaire, The House of Blues, sur la façade duquel trônent des affiches stylisées d'artistes incontournables de la Lune blues.  On y présente de nos jours aussi des shows de rap, d'électro, de musiques du monde...

J'ai pris en photo l'affiche de la grande des grandes : Billie Holliday. Juste à penser à cette voix, ça fait toujours chaud très loin dans l'âme.

Photo Jacques Desmarais, House of Blues, Boston, 2012.

En voulant bien localiser l'endroit, j'ai été sur Google Map. Je présume donc que ce qu'on voit est récent. Peut-être que c'était le temps d'un salon. N'empêche, la note platte qui casse le party et du baseball et de la musique nous advient lorsque dans les environs du club, si l'on continue sur la 90, a pu en effet se tenir un USA Gun Show annoncé en grosses lettres comme suit : WE SELL GUNS  NO ID REQUIRED  NO BACKGROUND CHECKS  CRIMINALS & TERRORISTS WELCOME.   !!!

Photo Stop Handgun Violence (Massacusetts)

On aime bien mieux revenir au blues!  Ci-après, un extrait d'un des passages au HOB de Buddy Guy,

11 janvier 2013

Idle No More, un os, un mouvement de fond!


Alors que Idle No More gagne aujourd'hui les rues de Montréal, lu ce matin deux articles éclairants autour de la contestation de fond répercutée par le mouvement de revendication autochtone. Ci-joint les liens plus bas pour consultation.

Pour ma part, je suis de ceux qui estiment depuis les années 70 que l'égalité des peuples et des nations au Québec et au Canada tout entier devrait être la priorité des priorités sur le plan politique, économique et culturel.  Question d'humanité élémentaire!  Question surtout d'un horizon démocratique vibrant, rempli de vraies promesses.
« Quand le sage pointe la lune, l’idiot ne regarde-t-il pas le doigt?
En effet, si la gestion des fonds publics par les chefs autochtones est certes un sujet aussi pertinent que celle qu’en font nos propres gouvernements, ce que pointe Idle No More est ailleurs.
Il parle des questions fondamentales que sont l’exploitation des ressources naturelles, la protection de l’environnement et l’importance d’assurer un partage nettement plus équitable des profits pour les populations et les services publics.
« Dans la stra­tégie ac­tuelle tant au sein du gou­ver­ne­ment conser­va­teur que parmi les élites éco­no­miques, l’occupation des ter­ri­toires du nord et de l’ouest est une pièce cen­trale dans une vaste en­tre­prise de « re­cen­trage » de l’économie ca­na­dienne qui doit, selon les dires du Pre­mier Mi­nistre, de­venir une « su­per­puis­sance éner­gé­tique ». On com­prend dès lors que les au­toch­tones sont un obs­tacle. Il est même in­congru de ce point de vue de les aider à se sortir de la si­tua­tion qu’on constate à At­ta­wa­piskat et ailleurs, où abondent des condi­tions dé­plo­rables en ma­tière de santé, de lo­ge­ment, d’accès à l’eau po­table, d’emploi, d’éducation, etc. »

Photo Gaétan Legault, manifestation à Montréal, 11 janv. 2013.

10 janvier 2013

Oui, il faut parfois dire non, no more...




I never saw so many business suits.
Never knew a dollar sign that looked so cute.
Never knew a junkie with a money Jones:
He's singing, "Who's selling Park Place. Who's buying Boardwalk"?
These old men they make their dirty deals.
Go in the back room and see what they can steal.
Talk about your beautiful and spacious skies.
It's about uranium; it's about the water rights.
Put Mother Nature on a luncheon plate.
They cut her up and call it real estate.
Want all the resources and all of the land.
They make a war over it: Blow things up for it.
The reservation now is poverty row.
There's something cooking and the lights are low.
Somebody's trying to save our mother earth.
I'm gonna help them to save it,
To sing it and bring it

Singing: No no Keshagesh:
You can't do that no more, (no more, no more no more)
No, no, no, no Keshagesh
You can't do that no more, (no more, no more no more)
No, no, no, no Keshagesh
You can't do that no more, (no more, no more no more)
No, no, no, no Keshagesh
You can't do that no more, (no more, no more no more)

Ole Columbus he was looking good,
When he got lost in our neighborhood.
Garden of Eden right before his eyes.
Now it's all spy ware: now it's all income tax.
Ole' brother Midas looking hungry today.
What he can't buy he'll get some other way.
Send in the troopers if the natives resist.
Old, old story boys, that's how you do it boys.
Look at these people; ah they're on a roll.
Gonna have it all, gonna have complete control.
Want all the resources and all of the land.
They'll break the law for it: Blow things up for it.
When all our champions are off in the war,
Their final rip off here and is always on.
Mr. greed I think your time has come.
We're gonna sing it and pray it and live it then say it.

Singing: No no Keshagesh:
You can't do that no more, (no more, no more no more)
No, no, no, no Keshagesh
You can't do that no more, (no more, no more no more)
No, no, no, no Keshagesh
You can't do that no more, (no more, no more no more)
No, no, no, no Keshagesh
You can't do that no more, (no more, no more no more

- Buffy Sainte-Marie




08 janvier 2013

Les désarçonnés de Quignard : être comme un chat


Texte paru le 6 janvier 2013 dans le blogue de Annette Merle-Borgniet

Rencontré avec grand plaisir sur la Toile un lecteur de Pascal Quignard, Jacques Desmarais [...]
L'occasion est là pour parler des Désarçonnés, encore un bonheur de lecture.
Il y a quelque chose de magique dans les écrits de Quignard, dans cette méditation renouvelée et toujours nouvelle sur lui-même et l'humaine condition, fondée sur une connaissance éblouissante de textes fondateurs les plus divers, souvent les moins connus, et pourtant les plus évidents ; sur une méditation fine, profonde, présente à la beauté du monde et à sa cruauté.
Un des fils directeurs de ce beau texte est l'histoire du surgissement de la vie sur terre, animale, puis humaine, d'une infinie durée. Avec cette constante de la peur de la prédation, qui conditionne depuis toujours les êtres que nous sommes, prédateurs à notre tour, mais hantés par nos origines. Et fondamentalement "désarçonnables", envoyés en arrière, en position "opisthotonique ", dans l'accident, dans la mort, dans l'amour. (Quignard aime bien employer tous les mots de la tribu...)
Un autre fil rouge parcourt le texte, celui d'une auto-analyse, le contraire d'une complaisance à soi, dont les flashes éclairent pour l'auteur et le lecteur ensemble les flux d'une vie. Une vie dans et par le langage. Le langage qui nous fait humains, pardon pour ce truisme qui devient chez Quignard une évidence rafraîchissante et infinie. Il y pointe aussi cette logique de la différenciation, du partage entre l'un et l'opposé qui conditionne notre rapport à l'autre et à la connaissance. La pratique du langage est surtout chez lui et pour le lecteur une source d'allégresse :
"Il faut voir chaque matin le chat attendre devant la porte de la cuisine, la regarder s'ouvrir, se dresser dans la fierté, avancer ses pattes dans l'herbe humide et quitter la tiédeur et le calme de la maison, délaisser le jardin pour la fumée de l'aube sur le petit bras mort du fleuve."
Le chat, à la fois beau, libre, ami fétiche de l'auteur. Et l'eau des "rives mouillées et brumeuses des rivières".
Et les hommes ? Ils ont besoin de la guerre, la mort est leur maîtresse, le pouvoir l'instrument de leur violence : "la cruauté desinhibée les appelle, les obsède, les enivre". En témoigne "l'extraordinaire horreur qui fit le coeur du 20ème siècle". Alors, mieux vaut s'éloigner d'eux, "en abandonnant la course aux places, aux récompenses, aux richesses, aux titres, aux tombes, aux mémorials". Et suivre la voie indiquée par La Boêtie, "cre(ver) la servitude volontaire, err(er) à la périphérie du "Tous les  hommes". Et peut-être trouver le bonheur, mais le mot n'est pas prononcé. Ce fut aussi l'injonction de Jésus : "nolite judicare" traduit par "renoncez à l'obéissance au sens commun"
Ce monde a perdu la vertu de certains mots, comme "étranger" qui "était alors le mot le plus beau, et il ouvrait les portes. L'hospitalité était un devoir, pas même une vertu". Il faut donc engager "une vie secrète où survivre". Cette vie est celle de la lecture et de l'écriture. Une voie belle à suivre, celle d'un Tacite ("au style de suppléer la morale qui fait défaut") ou d'un Antelme. 

Puisqu'il est question de style, un dernier extrait, pour la route : "Quand on cesse de se soumettre au jugement de ceux dont on s'est retranché, tout ce qui blesse s'effiloche et se gomme d'un coup comme une brume sur la rivière à l'instant où monte le soleil." 

Être comme un chat.


***

Si souvent tombé à cheval...